Pour les économistes
classiques et néoclassiques, l’accès et la circulation de l’information (des personnes,
produits et prix) est un facteur compétitif dans les échanges commerciaux.
Smith et Ricardo l’ont
démontré avec les principes de l’avantage absolu et de l’avantage comparatif. Leurs
analyses du commerce mondial et de la connaissance du marché débouchent sur le
constat que l’information est parfaite[1],
censée être gratuite, d’immédiate consommation, décrivant tous les secteurs de
ce marché, et disponible à tous les acteurs participants. Ainsi, cette
transparence de l’information devient par la suite l’une des cinq conditions[2]
de la concurrence pure et parfaite. Mais, est-elle conforme à la réalité du
marché compétitif ?
Ces théoriciens économique de l’époque avaient leur perception propre du
marché et du rôle de l’information dans le commerce, qui doit être complétée par le fait que la concurrence est une lutte,
un combat, une manœuvre où l’on dissimule, cache l’information[3] ; cette concurrence est
plutôt imparfaite et l’asymétrie informationnelle entre les acteurs
économiques est la règle, car :
-
L’information
est imparfaite par l’inégalité de connaissances à faire partager, à la fois sur
la qualité des produits, les attitudes des salariés, les facteurs de
production, etc.,
-
L’information
n’est pas gratuite, à la fois par
l’existence du métier de courtier et par le fait que les acteurs sur le marché
sont disposés à payer pour se procurer une meilleure information.
-
Le
facteur temps dans la circulation de
l’information : Celle-ci pouvant
circuler avec un retard, l'adaptation de l'offre et de la demande peut ainsi
être retardée.
Deux approches
pourraient s’associer à ces commentaires :
John Maynard Keynes
« considérait que l'imperfection de l'information faisait ressembler
ces marchés à des concours de beauté, où le but n'est pas d'élire celui qu'on
pense être le plus beau (ou le plus rentable), mais celui qu'on pense que les
autres pensent être le plus beau. Ainsi un marché aura tendance à former des
bulles spéculatives. »[4]
L’optique cognitive (réactivité, captation et interprétation)[5]
dans la perfection de l’information constitue avec le
tableau de cotation de l’information les
deux éléments essentiels pour reconnaître la qualité de l’analyste et de
l’interprétation de l’information.
Tout d’abord, et malgré le fait que l’information soit transparente
pour tous les acteurs du marché, les
analystes ne pourront pas traiter toutes les informations en temps réel et sans
inertie dans le cas d’une réactivité limitée.
Ensuite concernant la captation et l’interprétation de l’information,
elle peut être fondée sur des critères psychologiques ou des croyances, pouvant ainsi déboucher sur des comportements
d’«aveuglement au désastre fondé sur la myopie des opérateurs »
Cette analyse cognitive
est valable pour toutes les disciplines traitant de l’information et du renseignement.
Finalement, dans cette
perspective et afin de continuer le débat
dans le cadre de l’intelligence compétitive globale, les experts
pourront continuer à alimenter et enrichir la réflexion de l’information
parfaite telle que présentée par les classiques et néoclassiques. A suivre donc.
Paris, le 10 février
2013.-
[1] William Stanley
Jevons (1835-1882) introduit le concept d’Information Parfaite
[2] L’atomicité du
côté de l’offre et de la demande, l’homogénéité des produits, la transparence
de l’information, la libre entrée et sortie sur le marché, la libre circulation
des facteurs de production (le capital et le travail)
[3] O Morgenstern,
Thirteen Critical Point in Contemporary
Economic Theory: An Interpretation, in
Théories de la firme et Stratégies Anticoncurrentielles, Firme et
Marché, Faruk Ulgen, 2003, ed. Harmattan, page 23.
[4] L'image du
concours de beauté est une métaphore pour illustrer le fonctionnement du marché
boursier, chapitre 12, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie, John Maynard Keynes, (1936).
[5] Plihon 2000,
Orléan 1999, in Théories de la firme et Stratégies Anticoncurrentielles, Firme
et Marché, Faruk Ulgen, 2003, édition. Harmattan, page 43.
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