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dimanche 8 septembre 2013

Guerre civile en Syrie : pour une diplomatie de la dernière chance.



Par Mario Sandoval[1]

« …je déplore que trop d'intérêts partisans aient prévalu depuis le début de cette crise, qui ont empêché une solution capable d'éviter l'inutile massacre auquel nous assistons… » Pape François[2].

Reconnaissant que le gouvernement du président Bachar al-Assad est un régime arbitraire et coercitif, incompatible avec la liberté politique et les principes de l’égalité devant la loi, la permanente violation des droits de l’homme envers la population civile, la montée en puissance d’une guerre civile asymétrique, l’utilisation d’armes non conventionnelles, la responsabilité de l’Etat d’une part et des combattants armés d’autre part.

Constatant que l’Etat de droit n’existe plus.  

Sachant que le gouvernement syrien actuel n’a pas respecté les traités et conventions de protection des droits des citoyens, et a par ses actions militaires mis en péril la sécurité internationale, sa responsabilité juridique et politique est engagée face à la communauté internationale. Les acteurs armés, bien que ne faisant pas partie de l’Etat, n’échappent pas non plus à leur responsabilité juridique pour les actes commis lors des opérations militaires réalisées.  

Voyant  les  résultats des dernières interventions militaires menées précipitamment par la communauté internationale dans plusieurs pays du monde arabo-musulman, et que nous assistons résignés aux changements imposés.

Connaissant la pression des secteurs tiers intéressés par une intervention armée pour en obtenir des bénéfices personnels, politiques ou d’influence, mais peu ou pas des résultats post-conflit.

Observant que le monde diplomatique confond le rôle de diplomate et de chef de guerre, et écoute les conseillers partisans d’une politique dite de la terre brûlée, où intérêts personnels et égos se confrontent.

Remarquant les nombreuses personnalités qui s’improvisent stratèges ou experts es  résolution de conflits armés, qui influencent les décideurs politiques. 

Ignorant les enjeux sous-tendus entre tous les acteurs armés dans ce pays, et sachant que la complexité de la situation requiert un plan d’action où la négociation et la résolution de conflits doivent occuper une place privilégiée, l’intervention armée ne doit dès lors être que la solution en dernier ressort. Une action raisonnée ne peut quant à elle se faire sous la pression politique d’un  secteur, d’un groupe de pression, ni être une excuse pour s’éloigner des problèmes de politique interne d’un gouvernement. 

Nous voyons donc que le retour à une rencontre entre tous les acteurs syriens s’impose, avec des représentants de l’ONU et de la Communauté internationale. Une mission pourrait être assignée dans ce cadre à un ancien Président de la République française, pour aider les Parties à envisager diverses issues au conflit, comme par exemple le recours à des instruments des Nations Unies tels qu’une force multinationale d’interposition, la protection des populations civiles et le maintien des droits de l'homme…. ainsi que l’expertise de l’OSCE avec le recours à des mesures de confiance. Puis le moment venu, laisser la place aux enquêtes et à la Cour Pénale Internationale. D’autres sanctions ou mesures sont prévues dans le chapitre VII de l’ONU, et pourraient être examinées avant de passer à une attaque militaire, dont personne ne peut écrire aujourd’hui quelles en seraient les conséquences et la durée.

La France pourrait aussi utilement solliciter la médiation du Pape François, qui s’est montré très préoccupé par le cas syrien. Le Vatican a une longue expérience dans les bons offices pour trouver des règlements pacifiques aux situations conflictuelles, et est attaché aux valeurs de justice, de paix et de droits de l’homme.

La diplomatie, les négociations et l’impartialité doivent revenir au cœur de ces réunions, avec pour objectif la résolution du conflit et l’arrêt de la souffrance des populations.

Il revient à l’Union Européenne et la France en particulier de tenter cette diplomatie de la dernière chance, avant que les armes ne parlent. Paris, le 08 septembre 2013. Mario Sandoval.



[1] Expert indépendant en sécurité internationale, vice-président de l’AIFIE