Par Mario
Sandoval[1]
« …je déplore que
trop d'intérêts partisans aient prévalu depuis le début de cette crise, qui ont
empêché une solution capable d'éviter l'inutile massacre auquel nous assistons… » Pape
François[2].
Reconnaissant que le
gouvernement du président Bachar al-Assad est un régime arbitraire et
coercitif, incompatible avec la liberté politique et les principes de l’égalité
devant la loi, la permanente violation des droits de l’homme envers la
population civile, la montée en puissance d’une guerre civile asymétrique, l’utilisation
d’armes non conventionnelles, la responsabilité de l’Etat d’une
part et des combattants armés d’autre part.
Constatant que l’Etat
de droit n’existe plus.
Sachant que le
gouvernement syrien actuel n’a pas respecté les traités et conventions de protection
des droits des citoyens, et a par ses actions militaires mis en péril la
sécurité internationale, sa responsabilité juridique et politique est engagée face
à la communauté internationale. Les acteurs armés, bien que ne faisant pas
partie de l’Etat, n’échappent pas non plus à leur responsabilité juridique pour
les actes commis lors des opérations militaires réalisées.
Voyant les résultats
des dernières interventions militaires menées précipitamment par la communauté
internationale dans plusieurs pays du monde arabo-musulman, et que nous assistons
résignés aux changements imposés.
Connaissant la pression
des secteurs tiers intéressés par une intervention armée pour en obtenir des bénéfices
personnels, politiques ou d’influence, mais peu ou pas des résultats post-conflit.
Observant que le monde
diplomatique confond le rôle de diplomate et de chef de guerre, et écoute les
conseillers partisans d’une politique dite
de la terre brûlée, où intérêts
personnels et égos se confrontent.
Remarquant les
nombreuses personnalités qui s’improvisent stratèges ou experts es résolution de conflits armés, qui influencent les
décideurs politiques.
Ignorant les enjeux sous-tendus
entre tous les acteurs armés dans ce pays, et sachant que la complexité de la
situation requiert un plan d’action où la négociation et la résolution de
conflits doivent occuper une place privilégiée, l’intervention armée ne doit dès
lors être que la solution en dernier ressort. Une action raisonnée ne peut
quant à elle se faire sous la pression politique d’un secteur, d’un groupe de pression, ni être une
excuse pour s’éloigner des problèmes de politique interne d’un gouvernement.
Nous voyons donc que le
retour à une rencontre entre tous les acteurs syriens s’impose, avec des
représentants de l’ONU et de la Communauté internationale. Une mission pourrait
être assignée dans ce cadre à un ancien Président de la République française, pour
aider les Parties à envisager diverses issues au conflit, comme par
exemple le recours à des instruments des Nations Unies tels qu’une force multinationale
d’interposition, la protection des populations civiles et le maintien des
droits de l'homme…. ainsi que l’expertise de l’OSCE avec le recours à des
mesures de confiance. Puis le moment venu, laisser la place aux enquêtes et à
la Cour Pénale Internationale. D’autres sanctions ou mesures sont prévues dans
le chapitre VII de l’ONU, et pourraient être examinées avant de passer à une
attaque militaire, dont personne ne peut écrire aujourd’hui quelles en seraient
les conséquences et la durée.
La France pourrait
aussi utilement solliciter la médiation du Pape François, qui s’est montré très
préoccupé par le cas syrien. Le Vatican a une longue expérience dans les bons
offices pour trouver des règlements pacifiques aux situations conflictuelles,
et est attaché aux valeurs de justice, de paix et de droits de l’homme.
La diplomatie, les
négociations et l’impartialité doivent revenir au cœur de ces réunions, avec
pour objectif la résolution du conflit et l’arrêt de la souffrance des
populations.
Il revient à l’Union Européenne
et la France en particulier de tenter cette diplomatie de la dernière chance,
avant que les armes ne parlent. Paris,
le 08 septembre 2013. Mario Sandoval.
[2] Lettre du Pape
François du 04 septembre 2013 à Vladimir
Poutine, président russe. http://www.vis.va/vissolr/index.php?vi=all&dl=57f1b13c-c2e7-7d6c-0998-52287e88f76b&dl_t=text/xml&dl_a=y&ul=1&ev=1
et http://www.news.va/fr/news/lettera-del-santo-padre-francesco-al-presidente--3