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lundi 11 février 2013

La perception de l’information parfaite chez les classiques et les néoclassiques



Pour les économistes classiques et néoclassiques, l’accès et la circulation de l’information (des personnes, produits et prix) est un facteur compétitif dans les échanges commerciaux. 

Smith et Ricardo l’ont démontré avec les principes de l’avantage absolu et de l’avantage comparatif. Leurs analyses du commerce mondial et de la connaissance du marché débouchent sur le constat que l’information est  parfaite[1], censée être gratuite, d’immédiate consommation, décrivant tous les secteurs de ce marché, et disponible à tous les acteurs participants. Ainsi, cette transparence de l’information devient par la suite l’une des cinq conditions[2] de la concurrence pure et parfaite. Mais, est-elle conforme à la réalité du marché compétitif ?

Ces théoriciens économique de l’époque avaient leur perception propre du marché et du rôle de l’information dans le commerce, qui doit  être complétée  par le fait que la concurrence est une lutte, un combat, une manœuvre où l’on dissimule, cache l’information[3] ; cette concurrence est  plutôt imparfaite et l’asymétrie informationnelle entre les acteurs économiques est la règle, car :
-          L’information est imparfaite par l’inégalité de connaissances à faire partager, à la fois sur la qualité des produits, les attitudes des salariés, les facteurs de production,  etc.,
-          L’information n’est pas gratuite,  à la fois par l’existence du métier de courtier et par le fait que les acteurs sur le marché sont disposés à payer pour se procurer une meilleure information. 
-          Le facteur  temps dans la circulation de l’information : Celle-ci  pouvant circuler avec un retard, l'adaptation de l'offre et de la demande peut ainsi être retardée. 

Deux approches pourraient s’associer à ces commentaires :
John Maynard Keynes « considérait que l'imperfection de l'information faisait ressembler ces marchés à des concours de beauté, où le but n'est pas d'élire celui qu'on pense être le plus beau (ou le plus rentable), mais celui qu'on pense que les autres pensent être le plus beau. Ainsi un marché aura tendance à former des bulles spéculatives. »[4]

L’optique cognitive (réactivité, captation et interprétation)[5] dans la perfection de l’information constitue avec le tableau de cotation  de l’information les deux éléments essentiels pour reconnaître la qualité de l’analyste et de l’interprétation de l’information. 
Tout d’abord, et malgré le fait que l’information soit transparente pour tous les acteurs du marché,  les analystes ne pourront pas traiter toutes les informations en temps réel et sans inertie dans le cas d’une réactivité limitée.
Ensuite concernant la captation et l’interprétation de l’information, elle peut être fondée sur des critères psychologiques ou des croyances,  pouvant ainsi déboucher sur des comportements d’«aveuglement au désastre fondé sur la myopie des opérateurs »

Cette analyse cognitive est valable pour toutes les disciplines traitant de l’information et du renseignement.

Finalement, dans cette perspective et afin de continuer le débat  dans le cadre de l’intelligence compétitive globale, les experts pourront continuer à alimenter et enrichir la réflexion de l’information parfaite telle que présentée par les classiques et néoclassiques. A suivre donc.  
Paris, le 10 février 2013.-


[1] William Stanley Jevons (1835-1882) introduit le concept d’Information Parfaite
[2] L’atomicité du côté de l’offre et de la demande, l’homogénéité des produits, la transparence de l’information, la libre entrée et sortie sur le marché, la libre circulation des facteurs de production (le capital et le travail)
[3] O Morgenstern, Thirteen  Critical Point in Contemporary Economic Theory: An Interpretation, in  Théories de la firme et Stratégies Anticoncurrentielles, Firme et Marché, Faruk Ulgen, 2003, ed. Harmattan, page 23.
[4] L'image du concours de beauté est une métaphore pour illustrer le fonctionnement du marché boursier, chapitre 12, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, John Maynard Keynes, (1936).
[5] Plihon 2000, Orléan 1999, in Théories de la firme et Stratégies Anticoncurrentielles, Firme et Marché, Faruk Ulgen, 2003, édition. Harmattan, page 43.

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